Nous occupons la serre. Nous connaissons bien ce lieu pour y avoir déjà travaillé pour notre précédent projet Les jeunes filles russes. C'était en hiver, il faisait froid.
Ça nous allait bien pour raconter cette histoire-là ("la guerre n'a pas un visage de femme"de Svetlana Alexievitch). Se cacher, se laver, ramper dans la boue, chanter, marcher dans la neige.
Se souvenir de cela des années après, chez soi en buvant du thé bouillant.
Dedans, sol de ciment, mur de pierre et dans le fond un évier et ballon de chauffe-eau, une porte. Un intérieur de maison. La serre est toute en longueur, façade de carreaux de vitres, brique et métal noir.
Nous avions blanchi les vitres pour nous isoler. Le blanc de Meudon, d'Espagne, de Toulouse où d'ailleurs, de la neige.
Nous travaillons maintenant sur la nuit. Une belle lumière de novembre baigne la serre. Nous attendons que le jour baisse. Le soleil s'est couché mais les éclairages extérieurs s'incrustent. Il y fait déjà froid. Nous couvrons les vitres de cartons et de journaux. Il fait un peu plus sombre et on a moins froid.
C'est une période de recherche. Pas d'ouverture au public.
Nous montons une structure de métal, une serre pousse dans la serre. Nous la tendons partiellement de gaze. À l'intérieur une table pour le déroulement d'un repas à la nuit tombée. Nous filmons un étrange rite de repas vert, l'invité s'endort.
Nous n'avons qu'une structure, nous la déshabillons pour remplacer la gaze par du calque. Opaque, la lumière du jour est belle. De l'encre glisse, la nuit imprègne les murs de la maison. Du fusain écrasé tombe en pluie sur le toit. L'invité rêve.
Janvier 2018
La nuit verteNous revenons dans la serre. Recouvrons les vitres de journaux. Remontons la structure de métal.
Ouverture au public. Installation performance: le repas. Du blanc au vert en passant par les couleurs.
On peut regarder de l'extérieur par des ouvertures. Entrer, se déplacer, s'asseoir sur des bancs points de vue.
Mars 2018
Fragments nocturnes
Nous occupons l'atelier 2.
Une grande salle blanche et grise, un pilier central, des volets qu'on peut entrebâiller.
Une belle lumière.
Pour notre précédente création Les Jeunes filles russes en 2014, nous y avions installé « La salle de l’attente ».
Plongée dans l’obscurité, elle marquait le dernier pan de (notre trilogie). De jour, dans l’espace vide de la grande salle claire nous remplissions lentement et rigoureusement le sol de vêtements noirs. Posés en tas bien pliés ou ouverts pour laisser apparaître une manche, une jambe, ils composaient des masses sombres et texturées jouant avec le gris du sol laissé en réserve. Des passes pieds pour isoler ou rapprocher les corps tombés. Permettre la circulation visuelle et corporelle dans ce continent des femmes.
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